publié le 2 mai 2022
Une réunion de crise
Ce lundi, les ministres de l’énergie de l’Union Européenne se réunissent en urgence, pour la première fois depuis que la Russie a coupé le gaz à la Pologne et à la Bulgarie.
Ces deux pays avaient refusé de se plier à l’exigence Russe d’un paiement en roubles survenu fin mars, et ont été notifié le 27 avril de l’arrêt des approvisionnements en gaz.
Si ces 2 pays ont été « secourus » par leurs voisins Européens, « cette fermeture du robinet du gaz pour la Pologne et la Bulgarie est un coup de semonce. La crise actuelle va contribuer à accélérer la transition énergétique », estime Patrice Geoffron professeur d’économie à l’université de Paris Dauphine et directeur du centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières.
Il est vrai que la situation a poussé les pays Européen à revoir leur système d’approvisionnement énergétique, en particulier pour le gaz.
De ce fait, certains pays ont d’ores et déjà annoncé se passer du gaz Russe, à l’instar des pays Baltes, et d’autres ont exposé leurs plans de sortie à moyen-terme, comme l’Allemagne ou le Danemark. Tous les pays Européens s’accordent sur un boycott progressif, mais à terme total, du gaz et du pétrole Russe.
Ainsi, l’exigence du paiement en rouble est fortement contestée par les pays Européens, qui se préparent à un embargo sur le gaz et le pétrole, tout en essayant tout de même de repousser l’échéance au maximum pour préserver au mieux les stocks de gaz en vue de l’hiver prochain.
L’Union Européenne au coeur d’une situation complexe
D’ailleurs, bien que l’Union Européenne ait contesté en chœur les exigences de Vladimir Poutine, la présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyen a dû rappeler ce mercredi 27 avril que « Les entreprises européennes acceptant de payer le gaz russe en roubles, comme l’exige Moscou, violent les sanctions de l’UE et s’exposent à un risque juridique « élevé » »
Mais, quelle différence entre un paiement effectué directement en roubles, interdit, et un paiement en euros ou dollars changé en roubles directement par la Gazprom Bank, cette fois-ci autorisé par l’UE, bien que conforme aux exigences de Moscou ?
Pour Thomas Pellerin Cardin, directeur du Centre énergie de l’Institut Jacques Delors, « Il y a une volonté de pouvoir continuer à acheter du gaz russe quoi qu’il en coûte, de la part de plusieurs entreprises européennes qui importent du gaz […] À ce stade, on ne sait pas quelles sont les entreprises qui payent ce gaz en roubles. La seule personne qui sait c’est Poutine. Ce n’est pas la Commission européenne, ce n’est pas le président de la République française. »
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique a , elle, déclaré ce lundi 02 mai que « Les pays de l’Union européenne vont continuer à payer les approvisionnements en gaz russe en euros et en dollars conformément aux contrats signés.»
C’est donc pour toutes ces raisons que se tient aujourd’hui, lundi 02 mai, une réunion de crise du conseil des ministres en charge de l’énergie de l’Union Européenne, dont l’objectif sera de s’accorder définitivement sur une position commune face l’exigence du paiement en roubles, et de discuter des alternatives au gaz russe, et notamment du plan d’action de la Commission Européenne, REpowerEU, ayant pour but de réduire de deux tiers les approvisionnements de gaz russe d’ici la fin de l’année, avant de s’en passer totalement en 2027.
Gazprom annonçait d’ailleurs le 1er mai avoir enregistré une baisse de 27% de ses importations vers l’Europe au 1er trimestre 2022, en comparaison avec 2021.
Sources :