Publié le 09/04/2025

Temps de lecture : 4 minutes
Borne de recharge pour véhicule électrique dans un parking d’entreprise

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à envisager l’électrification de leur flotte, sous l’effet conjugué de la pression réglementaire de la transition énergétique et de la hausse du coût des énergies fossiles. Toutefois, le passage à l’action nécessite une stratégie claire, des investissements ciblés et l’adhésion des équipes.

Un levier concret pour la décarbonation

La mobilité électrique permet de réduire fortement les émissions de CO₂ liées aux déplacements professionnels. Dans le cadre du décret tertiaire, les bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m² doivent réduire leur consommation énergétique. L’électrification du parc de véhicules, combinée à l’installation de bornes intelligentes, contribue à ces objectifs.

À titre d’exemple, une flotte de 15 véhicules thermiques convertie à l’électrique permet de réduire les émissions annuelles de près de 25 tonnes de CO₂.

Une réponse à l’augmentation du coût de l’énergie

Le coût total de possession (TCO) d’un véhicule électrique est inférieur de 15 à 20 % par rapport à un véhicule thermique, selon une étude menée par l’Avere-France en 2023. Cela s’explique par :

  • Des coûts d’entretien réduits (pas de vidange, peu de pièces d’usure) ;
  • Un prix du kWh environ 60 % inférieur au litre de carburant ;
  • Des aides financières à l’achat ou à la location.

Réaliser un audit de flotte et d’usage

Un audit mobilité identifie les véhicules éligibles à l’électrification, les trajets courts et les usages intensifs. Il permet également d’évaluer la capacité d’accueil des infrastructures de recharge sur site (puissance disponible, répartition des points de recharge, gestion dynamique de charge).

Par exemple, une entreprise du secteur logistique ayant 80 % de trajets quotidiens inférieurs à 150 km est un bon candidat à la conversion.

Définir des objectifs de performance

Il est recommandé de fixer des cibles chiffrées :

  • Taux de conversion annuel de la flotte ;
  • Réduction des émissions ;
  • ROI attendu sur les véhicules et bornes.

Ces objectifs doivent être intégrés aux indicateurs RSE et aux feuilles de route climatiques des directions générales.

Structurer la feuille de route

Il est conseillé de commencer par les véhicules utilitaires légers, puis de déployer les bornes de recharge. Le projet peut être mené sur trois ans, avec des phases de tests, un accompagnement terrain et des outils de pilotage (dashboards, alertes de consommation, etc.).

Créer de l’adhésion par des avantages clairs

L’octroi d’un véhicule de fonction électrique sans TVS, d’indemnités kilométriques spécifiques ou d’un badge de recharge interopérable renforce l’adhésion. Ces dispositifs sont simples à mettre en œuvre et peuvent être mutualisés via des plateformes existantes.

Lever les freins psychologiques

Il est courant que les salariés évoquent la peur de la panne ou la méconnaissance du réseau de recharge. C’est pourquoi il est essentiel de proposer :

  • Des essais gratuits de véhicules ;
  • Des sessions d’information ;
  • Un accès aux bornes sur site.

Valoriser les ambassadeurs

Les retours d’expérience internes (ex : un commercial ayant parcouru 50 000 km en électrique sans difficulté) constituent des leviers puissants de communication.

Choisir une infrastructure évolutive

Il est nécessaire de prévoir des bornes AC 7-22 kW pour les stationnements longue durée, et éventuellement des bornes DC > 50 kW pour les besoins logistiques urgents.

Les bornes doivent être compatibles IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicules Électriques) niveau 2 minimum, et intégrables à une GTB (gestion technique du bâtiment).

En d’autres termes, elles doivent pouvoir dialoguer avec les autres systèmes du bâtiment : chauffage, climatisation, production photovoltaïque.

Optimiser la puissance appelée

Le pilotage dynamique de la charge, via une supervision énergétique ou un système IoT, permet d’éviter les dépassements de puissance souscrite, qui entraînent une surtaxe sur la facture (notamment la composante annuelle de gestion – CG).

Cela permet aussi d’anticiper les effets de la puissance réactive, souvent négligée mais facturable à partir d’un certain seuil.

Financer le projet intelligemment

Plusieurs dispositifs permettent de financer jusqu’à 50 % du coût des bornes :

Les projets IRVE sont éligibles aux aides dès lors qu’ils sont installés dans des bâtiments tertiaires accueillant des collaborateurs ou clients.

Optimiser la fiscalité de flotte

Les véhicules 100 % électriques sont exonérés de TVS, bénéficient d’un amortissement dérogatoire (30 000 €) et d’un taux de TVA récupérable sur les bornes et l’électricité si usage professionnel prouvé.

Mesurer le retour sur investissement

Par exemple, une entreprise ayant électrifié 20 véhicules économise en moyenne 12 000 €/an en carburant et entretien, pour un investissement initial de 140 000 €. Le ROI est atteint en 3 à 4 ans, hors aides.

La mobilité électrique en entreprise n’est pas une tendance passagère, mais un choix stratégique durable. Elle permet de réduire les coûts, de valoriser l’image de l’entreprise et de répondre aux nouvelles exigences réglementaires. Pour réussir cette transition, il est crucial de s’appuyer sur une vision claire, des outils techniques adaptés, et une implication forte des équipes.

Quels sont les avantages de la mobilité électrique pour une entreprise ?

Elle réduit les coûts d’utilisation (entretien et carburant), améliore l’image écoresponsable de l’entreprise et permet de répondre aux obligations RSE. Elle contribue aussi à diminuer l’empreinte carbone et permet l’accès à certaines zones à faibles émissions.

Quelle infrastructure de recharge installer dans une entreprise ?

Il est recommandé d’installer des bornes de recharge accélérée (7 à 22 kW) sur les parkings d’entreprise, avec une gestion intelligente via badge ou application. Pour les flottes, des bornes plus puissantes ou une supervision centralisée peuvent être envisagées selon le volume de véhicules.

Quelles aides financières existent pour les entreprises qui passent à l’électrique ?

Les entreprises peuvent bénéficier du bonus écologique, de la prime à la conversion, d’un crédit d’impôt pour l’installation de bornes, et de subventions locales selon les régions. L’exonération de TVS (Taxe sur les Véhicules de Société) est aussi un avantage fiscal notable.

Comment inciter les salariés à utiliser des véhicules électriques ?

Proposez des véhicules en autopartage ou en LLD avec prise en charge partielle, offrez la recharge gratuite sur site, et mettez en avant les économies réalisées. Sensibiliser via des campagnes internes ou des essais gratuits peut aussi lever les freins psychologiques.