publié le 18/01/2024

Temps de lecture : 7 minutes

Les points importants

NUCLÉAIRE

La production nucléaire française a enregistré une augmentation significative, atteignant 320,4 TWh en 2023, soit une hausse de 15 % par rapport à l’année précédente, principalement grâce à l’optimisation et à la gestion efficace des travaux liés à la corrosion sous contrainte, selon EDF. En 2022, la production nucléaire avait atteint un niveau historiquement bas de 279 TWh en raison d’arrêts massifs de réacteurs pour des travaux de maintenance et des problèmes de corrosion sous contrainte. Bien que cette performance en 2023 représente une amélioration, elle reste en deçà de la moyenne annuelle de 402,5 TWh entre 2001 et 2021. EDF vise une production nucléaire comprise entre 315 et 345 TWh en 2024, et entre 335 et 365 TWh en 2025 et 2026. Parallèlement, la production hydroélectrique a augmenté pour atteindre 38,7 TWh en 2023, une hausse de 6,3 TWh par rapport à 2022, bénéficiant de conditions météorologiques plus favorables. Les réservoirs des barrages d’EDF affichaient un taux de remplissage de 80 %, plaçant la France en tant que principal exportateur net en Europe en 2023.

PRÉVISION ET FEUILLE DE ROUTE

Le gouvernement français a dévoilé sa nouvelle feuille de route énergétique, confirmant la construction de 23 GW de nouvelles capacités nucléaires d’ici 2050. Le projet de loi, prévu pour une présentation au Conseil des ministres fin janvier ou début février, inclut la construction de six nouveaux réacteurs pressurisés européens (EPR2) et envisage huit autres EPR2 ou des séries de petits réacteurs modulaires (SMR) pour une capacité supplémentaire de 13 GW d’ici 2050. Bien que le président Emmanuel Macron ait précédemment évoqué la construction de six réacteurs avec des études pour huit autres d’ici 2050, le projet de loi fixe un minimum de puissance nucléaire installée à 63 GW. Cependant, il suscite la colère des acteurs des énergies renouvelables qui dénoncent le manque d’ambition pour ces énergies. Le projet de loi ne définit aucun objectif précis pour les énergies renouvelables, laissant place à des consultations en cours et à des évolutions potentielles avant sa présentation au Parlement. 

ENVIRONNEMENT

Solvay a dévoilé mardi son plan d’extension des capacités de deux de ses unités dédiées au recyclage des résidus issus du processus de purification des gaz de combustion.  D’ici la fin de 2025, le site de Resolest, situé près de Dombasle (Meurthe-et-Moselle), verra sa capacité de recyclage augmenter de 60%, tandis que celle de Solval, à Rosignano (Italie), connaîtra une augmentation immédiate de 30%.  Solvay a souligné que ces gaz étaient traités grâce à sa technologie brevetée ‘SolvAir’, basée sur le bicarbonate de sodium. Cette innovation permet à divers secteurs industriels tels que les installations de valorisation énergétique des déchets, les centrales électriques, les cimenteries, les fabricants de verre et le transport maritime d’éliminer de manière efficace plus de 99% des polluants. 

Les marchés de l’énergie


Electricité :

Les prix à terme de l’électricité en France ont enregistré une baisse hebdomadaire, influencée par les pertes observées sur les marchés du gaz et du carbone. Ainsi, le contrat pour la livraison en 2025 a subi une chute de plus de 5 %.  
Cette baisse observée sur les contrats long terme, signale une stabilité et une résilience des fondamentaux du marché malgré la hausse de la consommation due à la vague de froid en France. En effet, la capacité de production accrue, notamment grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, ainsi que les connexions transfrontalières, suggèrent que la France devrait traverser l’hiver sans trop de difficultés. 
La vague de froid a eu un impact haussier sur les prix spot de l’électricité, les ramenant au-dessus de 100 €,MWh, conformément aux anticipations de la semaine dernière. Cependant, l’anticipation d’un temps plus clément remplaçant la vague de froid touchant le nord-ouest de l’Europe au cours de la semaine à venir, va renforcer les prix à la baisse. 

Baseload 2025

Prix de clôture du  17/01/2024 :
75,83 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 :
-8,42 %

Baseload 2026

Prix de clôture du 17/01/2024 : 71,73 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 :
-8,59 %

Baseload 2027

Prix de clôture du 17/01/2024 :
69,28 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 :
-9,63 %

Baseload 2028

Prix de clôture du 17/01/2024 :
66,82 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 :
-7,94 %

Peakload 2025

Prix de clôture du 17/01/2024 : 90,58 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 : -11,78 %

Peakload 2026

Prix de clôture du 17/01/2024 : 91,98 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 : -10,61 %

Peakload 2027

Prix de clôture du 17/01/2024 :
90,25 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 : -5,83 %

Peakload 2028

Prix de clôture du 17/01/2024 :
85,57 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 : -7,03 %

Gaz naturel : 

Le prix du gaz en Europe a atteint son niveau le plus bas depuis août, malgré les conditions hivernales et les tensions en mer Rouge. Lundi, sur le principal marché à terme néerlandais, le prix du gaz a chuté de plus de 7%, se situant à environ 29,8 euros pour un mégawattheure juste après midi. Cette baisse survient même en présence de tensions croissantes en mer Rouge, marquée par des attaques de rebelles houthis contre des pétroliers et des porte-conteneurs. 

Notamment, le Qatar, un important producteur de gaz, semble désormais contourner cette route maritime cruciale. Les données de transport maritime indiquent que depuis vendredi dernier, au moins cinq pétroliers transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) du Qatar et empruntant la route de la mer Rouge ont interrompu leur trajet. Le Qatar, qui est le deuxième plus grand fournisseur de GNL à l’Europe après les États-Unis, a l’habitude d’utiliser la voie passant par le canal de Suez pour ses livraisons.

Cependant, en dépit de ces perturbations, les réserves importantes de gaz en Europe et l’abondance actuelle de GNL contribuent à maintenir les prix du gaz à la baisse. De plus, la demande industrielle est également en baisse en raison de la faiblesse économique.  D’autre part, l’Espagne et la France ont décidé de ne pas imposer un embargo sur les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, malgré la possibilité offerte par l’accord provisoire de l’UE permettant d’introduire des restrictions nationales. La ministre espagnole de l’Énergie, a déclaré qu’il n’y avait pas de base juridique pour imposer des sanctions sur les livraisons de GNL russe, bien que la réduction des importations soit considérée comme souhaitable. De son côté, la France évalue la mise en œuvre de cette disposition tout en soulignant la nécessité de protéger la sécurité d’approvisionnement de l’Europe. Les pays européens ont importé plus de 20 milliards de mètres cubes de GNL russe l’année dernière, avec une hausse notable en Espagne, une augmentation en Belgique, et une baisse en France. La possibilité d’embargos nationaux suscite des préoccupations quant à des augmentations drastiques des prix du gaz, bien que les prix actuels soient en baisse par rapport à l’année précédente. Certains pays, dont le Royaume-Uni, ont déjà imposé des embargos unilatéraux sur toutes les importations de GNL russe. 

Gaz 2025

Prix de clôture du 17/01/2024 : 31,61 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 :
-6,55 % 

Gaz 2026

Prix de clôture du 17/01/2024 :
29,08 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 :
-4,83 %

Gaz 2027

Prix de clôture du 17/01/2024 :         26,85 €/MWh

Variation depuis le 10/01/2024 : -3,00 %

Pétrole : 

La semaine dernière, les prix du pétrole Brent ont maintenu une stabilité à 77,2 $/b malgré des tensions croissantes sur l’approvisionnement. Bien que les prix aient temporairement dépassé les 80 $/b en raison des tensions en mer Rouge, la moyenne hebdomadaire de l’ICE Brent a enregistré une légère baisse de 0,4 $/b (-0,5 %). De manière similaire, le WTI a enregistré une perte de 0,5 $/b (-0,6 %) pour atteindre 71,8 $/b. Les économistes s’attendent à une stabilité des prix du Brent à 82,5 $/b au premier trimestre et à 83 $/b au deuxième trimestre. 

Les tensions sur l’approvisionnement en pétrole augmentent avec la fermeture du champ d’El Sharara en Libye, déclaré en force majeure à la suite de manifestations. Les gestionnaires de fonds réagissent en plaçant des paris à la hausse, atteignant leur plus haut niveau en quatre mois. 

De même, les frappes des États-Unis et du Royaume-Uni contre les Houthis au Yémen ont accru l’incertitude, entraînant une augmentation des prix du pétrole. Les attaques répétées des Houthis contre le trafic maritime en mer Rouge ont perturbé le commerce international, incitant les principaux acteurs du transport maritime à détourner leurs navires. Le risque majeur pour les prix réside dans une éventuelle implication de l’Iran dans le conflit, menaçant l’approvisionnement en pétrole d’une région qui produit un tiers du brut mondial.  La hausse des prix du pétrole est alimentée par les inquiétudes quant à une escalade des tensions au Moyen-Orient. Les frappes contre les Houthis au Yémen, bien que présentées comme visant la désescalade, sont interprétées par le marché comme une possible escalade, suscitant des craintes de représailles de l’Iran et de ses alliés. Si la situation s’aggrave, les navires pétroliers pourraient contourner l’Afrique pour éviter la mer Rouge, bloquant potentiellement 40 à 80 millions de barils de pétrole en transit. Bien que les pics de prix liés aux risques géopolitiques aient tendance à s’estomper rapidement, les indices pétroliers devraient rester soutenus tant que persiste l’inquiétude quant aux risques d’approvisionnement. 

Brent

Prix de clôture du 17/01/2024 : 77,26 $/bbl

Variation depuis le 10/01/2024 :+1,35% 


Droits d’émission CO2 :  

La semaine dernière, les prix du dioxyde de carbone en Europe ont enregistré d’importantes pertes, impactés par le sentiment baissier résultant de la prévision d’un temps plus clément et de la reprise des enchères primaires.  Après la réorganisation gouvernementale, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a affirmé son engagement à intensifier le processus de décarbonation de l’économie française à la suite de la prise en charge par Bercy des questions liées à l’énergie. Il a souligné que la combinaison des portefeuilles de l’économie et de l’énergie est une décision sensée et efficace, visant à faire de la France la première nation européenne à décarboner d’ici 2030. Cette déclaration intervient après la suppression du ministère de la Transition énergétique de plein exercice, suscitant des critiques écologistes. Bruno Le Maire a souligné que cette transition n’implique aucun retour en arrière, mais plutôt un nouvel élan pour réduire les émissions de CO2 en France. Il a également annoncé un investissement de 1,8 milliard d’euros dans une usine sidérurgique d’ArcelorMittal, avec la possibilité d’une aide de l’État jusqu’à 850 millions d’euros, visant à réduire de 6% les émissions de CO2 de l’industrie française. Un contrat de fourniture d’électricité à long terme entre EDF et ArcelorMittal devrait également être signé. 

CO2

Prix de clôture du 17/01/2024 : 63,15 €/t

Variation depuis le 10/01/2024 : -9,76 % 


­Charbon : 

La centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), gérée par GazelEnergie, a repris sa production d’électricité après un an d’inactivité, en réponse à la vague de froid actuelle, sur demande du gestionnaire du réseau électrique RTE. La centrale, d’une puissance de 600 mégawatts, joue actuellement un rôle d’appoint assurantiel pour répondre rapidement aux besoins en périodes de tension du système électrique. La durée de fonctionnement dépendra des conditions météorologiques. GazelEnergie prévoit des tests pour la conversion future de la centrale à la biomasse, conformément aux engagements du président Emmanuel Macron de fermer les centrales à charbon d’ici la fin de son mandat. La centrale avait déjà été réactivée en janvier 2023 pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays.

Charbon

Prix de clôture du 17/01/2024 : 100,76 $/t

Variation depuis le 10/01/2024 : -1,29 % 

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