publié le 14/02/2024

Temps de lecture : 7 minutes

Les points importants

NUCLÉAIRE

La Commission européenne a répondu favorablement à l’appel de douze États membres, dont la France, en lançant une alliance industrielle européenne pour accélérer le déploiement des futurs petits réacteurs modulaires (SMR – Small Modular Reactors), une technologie prometteuse pour décarboner l’industrie d’ici une dizaine d’années. L’alliance vise à favoriser la mise en place d’une filière européenne en identifiant et comblant les lacunes technologiques ou industrielles et en encourageant la coopération entre différentes parties prenantes. Les SMR, réacteurs nucléaires plus petits que les centrales conventionnelles, sont en cours de développement et pourraient remplacer les centrales au gaz, au pétrole ou au charbon, offrant une solution flexible et moins coûteuse. La Commission européenne a lancé un appel à candidatures ouvert jusqu’au 12 avril pour les acteurs du secteur, visant à stimuler les investissements dans les capacités SMR européennes et le développement d’une chaîne de valeur européenne. Cette initiative vise à renforcer la souveraineté énergétique et la compétitivité de l’industrie européenne.  

INCENDIE À LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE CHINON : DEUX RÉACTEURS MIS HORS SERVICE 

EDF a signalé un incendie survenu dans la centrale nucléaire de Chinon, en Indre-et-Loire, au niveau d’un transformateur situé hors de la zone nucléaire, dans la nuit de vendredi à samedi 10 février. La centrale de Chinon, l’une des plus anciennes en France, possède quatre réacteurs à eau pressurisée de 900 MW, en service depuis 1982-1987. L’incendie a déclenché l’arrêt automatique de l’unité de production numéro 3 conformément aux protocoles de sécurité. Les équipes d’intervention ont rapidement maîtrisé le feu, et bien que la production d’énergie du site soit considérablement réduite, un seul des quatre réacteurs reste en production. 

CLIMAT

Le réchauffement climatique dépasse 1,5°C pendant 12 mois consécutifs, marquant une première historique. En janvier 2024, la planète a atteint un niveau de chaleur sans précédent, dépassant la barre des 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle sur une période de 12 mois. Bien que cela ne signifie pas que la limite des 1,5°C fixée à Paris en 2015 a été franchie de manière stable sur plusieurs décennies, cet événement souligne les changements profonds dans le climat mondial. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, soulignant l’urgence d’actions pour limiter le changement climatique. Les effets sont déjà visibles, avec des températures record enregistrées en janvier 2024 et des phénomènes extrêmes comme des incendies dévastateurs en Colombie et au Chili. Les océans sont également en surchauffe, avec des températures record, mettant en évidence l’urgence d’agir pour atténuer les effets du réchauffement climatique. 

Les marchés de l’énergie


Electricité :

Le gouvernement français se trouve dans une position délicate concernant la soumission au Parlement de l’accord conclu avec EDF sur la régulation de la vente de la production nucléaire. Des sources parlementaires révèlent que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, hésite à le faire par crainte de ne pas obtenir une majorité. Certains députés expriment des préoccupations quant aux seuils de prix fixés dans l’accord, redoutant des révisions à la hausse ou à la baisse lors des débats parlementaires. 

L’accord, dévoilé en novembre, vise à permettre à EDF de vendre sa production atomique à une moyenne de 70 euros/MWh sur la période 2026-2040, pour financer l’entretien de son parc nucléaire. Il introduit également une taxe sur la vente de cette production sur le marché de gros au-delà de certains seuils. Ces dispositions étaient initialement prévues dans le projet de loi sur la souveraineté énergétique du gouvernement. 

La « frilosité » du gouvernement à aborder cette question résulte de la crainte que les seuils de prix puissent être modifiés lors des débats parlementaires, ce qui pourrait influencer les revenus d’EDF et entraîner des conséquences sur les prix pour les consommateurs. Certains estiment que cette incertitude n’est pas favorable à la visibilité des acteurs du marché. 

Face à cette situation, le gouvernement pourrait choisir d’attendre les élections européennes en juin avant de présenter le projet de loi au Parlement, espérant ainsi des débats plus calmes. Une autre option serait d’intégrer ces éléments dans un projet de loi de finances, autorisant l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour adopter le mécanisme sans vote parlementaire. 

Baseload 2025

Prix de clôture du  13/02/2024 :
72,70 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 :
-6,79 %

Baseload 2026

Prix de clôture du 13/02/2024 : 65,83 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 :
-4,83 %

Baseload 2027

Prix de clôture du 13/02/2024 :
64,50 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 :
-4,23 %

Baseload 2028

Prix de clôture du 13/02/2024 :
63,06 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 :
-3,96 %

Peakload 2025

Prix de clôture du 13/02/2024 :  87,13 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 : -5,87 %

Peakload 2026

Prix de clôture du 13/02/2024 : 83,44 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 : -2,90 %

Peakload 2027

Prix de clôture du 13/02/2024 : 83,30 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 : -4,25 %

Peakload 2028

Prix de clôture du 13/02/2024 :
81,93 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 : -1,73 %

Gaz

Les contrats à terme sur le gaz naturel européen ont atteint un niveau plancher à 26 euros par mégawattheure, leur plus bas depuis juillet de l’année précédente, après avoir chuté de 7,5 % la semaine dernière. Cette baisse est attribuable à des prévisions météorologiques plus chaudes, des niveaux de stocks importants et une augmentation des approvisionnements en provenance de Norvège. Parallèlement, alors que l’hiver et la saison de chauffage en Europe touchent à leur fin, les prix subissent une pression supplémentaire à la baisse. Au 10 février, les niveaux de stockage de gaz de l’UE se situaient à 67 %, avec des pourcentages spécifiques en Allemagne (73 %), en Italie (61 %) et en France (54 %). Pendant ce temps, les livraisons de gaz norvégien vers l’Europe et la Grande-Bretagne ont continué d’augmenter après une panne à l’usine de Nyhamna. Les traders restent attentifs au vote de la Chambre des représentants des États-Unis, attendu cette semaine, qui pourrait annuler le gel des autorisations d’exportation de GNL décrété par l’administration Biden. 

Gaz 2025

Prix de clôture du 13/02/2024 : 29,11 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 :
-8,80 % 

Gaz 2026

Prix de clôture du 13/02/2024 :
27,71 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 :
-5,91 %

Gaz 2027

Prix de clôture du 13/02/2024 : 26,60 €/MWh

Variation depuis le 06/02/2024 : -3,32 %

Pétrole : 

Le prix du pétrole Brent a récemment dépassé les 82 $/b en raison des tensions géopolitiques en mer Rouge, accentuées par les attaques des rebelles Houthis contre des navires américains et britanniques. Les déclarations récentes du ministre iranien des affaires étrangères et du secrétaire d’État américain laissent entrevoir la possibilité d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, ce qui pourrait apaiser les tensions et freiner la hausse des prix du pétrole brut. Sur les marchés à terme, le baril de Brent pour livraison en avril gagne 0,69% à 82,19 dollars, tandis que le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars progresse de 0,81% à 76,84 dollars. Cependant, les analystes soulignent que les négociations de paix entre Israël et le Hamas, les attaques des Houthis contre les navires commerciaux et l’implication croissante des États-Unis et de l’Iran alimentent les inquiétudes et préparent le terrain pour une hausse des prix du pétrole. Les rapports mensuels de l’OPEP et de l’AIE, à paraître cette semaine, seront attentivement suivis pour leurs perspectives de demande et leurs réactions aux développements mondiaux. La vigueur de l’économie américaine et les mesures de relance chinoises sont considérées comme positives pour la demande de pétrole, mais les anticipations de baisse des taux d’intérêt mondiaux peuvent exercer une pression à la baisse sur la demande. 

Brent

Prix de clôture du 13/02/2024 :  81,48 $/bbl

Variation depuis le 06/02/2024 :+4,53% 


CO2 :  

La Commission européenne prévoit la création d’un marché unique pour le CO2, englobant le transport, le stockage et l’utilisation du dioxyde de carbone. Cette initiative vise à faciliter la neutralité carbone des États membres d’ici 2050. La Commission prévoit de travailler sur une réglementation européenne pour encadrer le transport du CO2, couvrant des aspects tels que la structure du marché, les coûts, l’intégration transfrontalière, l’harmonisation technique, les incitations à investir, l’accès de tiers, les régulateurs, la régulation des tarifs et les modèles de propriété. Cette réglementation devrait s’aligner avec les secteurs de l’électricité, du gaz et de l’hydrogène pour assurer un système énergétique européen intégré. La Commission prévoit également de donner des directives sur les processus d’autorisation des projets et d’identifier les sites potentiels de stockage pour atteindre une réduction nette de 90% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Une tarification du CO2, intégrée au système d’échange de quotas d’émission de l’UE, serait essentielle pour stimuler les projets de capture, de transport et de stockage du CO2 après 2030. La Commission vise à rendre le CO2 commercialisable d’ici 2040, créant ainsi une opportunité économique pour les projets de capture et de stockage du CO2. 

CO2

Prix de clôture du 13/02/2024 : 56,43 €/t

Variation depuis le 06/02/2024 : -11,25 % 


Charbon

Les stocks de charbon dans les terminaux d’importation du nord-ouest de l’Europe ont augmenté de 4 % au cours de la semaine dernière, atteignant leur niveau le plus élevé en huit mois, soit 6,39 millions de tonnes, selon les estimations de Montel basées sur les données portuaires. Cette augmentation est attribuée à la persistance des importations par voie maritime, malgré la faiblesse de la demande de production, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les prix du charbon. La hausse des importations est principalement alimentée par l’abondance des arrivées de charbon par voie maritime dans la région, les importations européennes de charbon thermique ayant atteint en janvier leur niveau le plus élevé depuis le mois de mars de l’année précédente. Toutefois, le fournisseur de données sur le charbon solide prévoit une baisse des importations pour le mois en cours. La faiblesse des retraits de stocks par les services publics contribue à la tendance à la baisse des prix du charbon, le contrat de référence pour le charbon API 2 du premier mois ayant de nouveau atteint son plus bas niveau intrajournalier sur plusieurs mois lundi. En outre, la consommation de charbon en Allemagne serait la deuxième plus faible de l’année, avec des niveaux de production en baisse d’environ un tiers par rapport à l’année précédente. Dans l’ensemble, les marchés physiques du charbon sont décrits comme « ternes » dans ce contexte. 

Charbon

Prix de clôture du 13/02/2024 : 90,40 €/t

Variation depuis le 06/02/2024 : -4,99 % 


Garanties d’origine  : 

Selon le cabinet de conseil Veyt, le prix des garanties d’origine (GO) européennes pourrait diminuer jusqu’à 20% cette année par rapport à 2023, en raison d’un important excédent d’offre hérité de l’année précédente. Les prix de référence devraient se situer entre 4,80 et 5,80 euros par mégawattheure (EUR/MWh) en 2024, en fonction des conditions hydrologiques dans les pays nordiques. Cette estimation représente une forte baisse par rapport à la moyenne de 6,07 EUR/MWh enregistrée l’année dernière, même en tenant compte d’une année sèche pour l’hydraulique nordique. Veyt prévoit l’émission de 767 à 850 térawattheures (TWh) de certificats d’origine liés à la production d’électricité renouvelable pour l’année en cours, selon les conditions météorologiques. Malgré une année 2023 particulièrement humide, avec une baisse de 31% du prix des GO hydrauliques nordiques, la demande électrique de l’Europe a diminué de 3% l’année dernière en raison du manque de croissance économique dans les principales économies de la région. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une légère reprise de la consommation d’électricité européenne en 2024, offrant un soutien limité à la demande de GO, selon Veyt. 

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