Une situation déjà tendue
La forte demande lors de la reprise économique début 2021 avait déjà amené une hausse des prix de l’ensemble des commodités (charbon, gaz, pétrole, CO2, électricité, …) également boostés par les tensions géopolitiques liées à la mise en place de Nord Stream 2 et la crise russo-ukrainienne. La menace actée cette nuit d’une invasion russe en Ukraine pèse encore une fois sur les prix des marchés de l’énergie. En cause, une Europe très dépendante au gaz russe comme le témoigne le graphique ci-dessous
Part de l’approvisionnement en gaz russe dans certains pays Européens en 2020
Bien que la France soit moins exposée en terme de volume avec seulement 24% (en 2020) de son gaz provenant de la Russie, les autres pays sont quant à eux plus fortement dépendants au gaz russe du fait de leur mix énergétique davantage tourné vers les énergies fossiles.
Avec le conflit actuel Russo-Ukrainien, le prix du gaz augmente et entraine mécaniquement la hausse du prix de l’électricité, étant donné qu’une partie de l’électricité produite et importée provient de centrales à gaz. La France subit donc tout autant l’impact de la crise que les autres pays dépendant davantage du gaz russe.
Accélération du conflit
L’entrée des troupes russes sur les territoires séparatistes de Donetsk et Louhansk dans la région du Donbass, et la reconnaissance par Vladimir Poutine de leur indépendance dans la nuit du 22 février avait déjà causé une nouvelle escalade dans ce conflit qui tendait à prendre une dimension mondiale. La nuit dernière, le 24 février, Vladimir Poutine prend la parole à la télévision russe et annonce une opération militaire en Ukraine. Dès l’annonce, des explosions sont entendues dans plusieurs villes d’Ukraine, dont la capitale.
Ce jeudi 24 février, l’impact sur les marchés de l’énergie a été immédiat. Sur les marchés pétroliers, le prix du brent a franchi les 100 dollars. Le gaz naturel dépasse désormais les 115 €/MWh sur le marché spot, entrainant une hausse des prix de l’électricité, pour atteindre 207 €/MWh sur le baseload 2023 ce jeudi 24 février à 11h . Depuis le lundi 21/02, le baseload 2023 à donc augmenté de 26%. Voir le graphique ci-dessous.
En conséquence, l’Europe a annoncé des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, notamment avec la suspension de l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2 devant permettre de doubler les capacités de Nord Stream, qui exporte du gaz vers l’Europe en contournant l’Ukraine. Mais Poutine dispose aussi d’arguments de poids, le prix du gaz est déjà très haut et l’impact déjà lourd sur les factures, et s’il a rappelé mardi maintenir les exportations de gaz vers l’Europe, c’est aussi un moyen d’exprimer qu’il pourrait fermer ses robinets à tout moment. Cependant, le scénario le plus envisageable pour la suite abonderait dans le sens d’une baisse des approvisionnements, et non d’une coupure totale, ce qui entraînerait tout de même une nouvelle hausse constante des prix sur les mois à venir, et notamment à l’approche de l’été, période de l’année où la France rempli ses stocks de gaz pour l’hiver à venir. Côté consommateurs, Bruno Le Maire a assuré ce matin que le gouvernement s’adapterait et renforcerait le bouclier tarifaire en cas de nouvelle hausse des prix.
sources:
20minutes.fr/economie/3240339-20220223-conflit-ukraine-russie-prix-energie-va-flamber-cas-invasion
Prix énergie : source Primeo Energie France
image : Pixabay