publié le 07/12/2023
Temps de lecture : 6 minutesLes points importants
ÉLECTRICITÉ
Le démarrage du secteur nucléaire français s’est révélé plus lent que prévu, engendrant des répercussions sur la production énergétique et les exportations. En novembre, la production nucléaire a enregistré une moyenne de 38 GW, surpassant de 8 GW l’année précédente mais restant inférieure de 5 GW aux estimations. Ce retard est attribué à des problèmes techniques touchant certains des 56 réacteurs d’EDF. Malgré cela, la production a atteint son maximum le 30 novembre à 43,6 GW, marquant le pic le plus élevé en neuf mois, en corrélation avec une augmentation de la demande pendant la période de froid.
Les analystes de S&P Global Commodity Insights ont ajusté leurs prévisions pour décembre à la baisse, passant de 46,2 GW à 43,9 GW, reflétant une estimation annuelle de la production nucléaire française à 320 TWh pour 2023, soit une hausse de près de 15% par rapport à l’année précédente. Les conditions météorologiques, les retards de redémarrage des réacteurs, et la disponibilité générale continuent d’influencer la dynamique du marché.
Malgré ces défis, les exportations nettes d’électricité de la France ont atteint leur niveau le plus élevé pour un mois de novembre depuis 2015. Le Royaume-Uni a été le principal bénéficiaire, suivi de la Belgique et de l’Allemagne. Toutefois, des perturbations dans les interconnexions avec l’Italie et la Grande-Bretagne ont impacté les échanges transfrontaliers.
Parallèlement, la France s’apprête à réformer sa gouvernance en matière de sûreté nucléaire, suscitant des débats animés. Le projet de réforme, évalué par le Conseil national de la transition écologique (CNTE), propose la fusion de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Bien que visant à optimiser les processus décisionnels, cette proposition soulève des préoccupations quant à l’indépendance de l’expertise et à la transparence des décisions.
Le CNTE exprime des réserves, préconisant la publication des avis techniques avant toute décision et mettant en garde contre une dispersion des compétences. Les critiques du projet soulignent le risque d’érosion de l’indépendance de l’expertise et d’une diminution de la transparence, avec des implications potentielles sur la sécurité des infrastructures nucléaires et la perception publique de cette source d’énergie.
ANNONCE DE LA CRE
Dans le cadre du mécanisme ARENH 2024, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a déclaré, le vendredi 1er décembre 2023, que les fournisseurs alternatifs ont soumis une demande d’ARENH pour un volume total de 130,41 térawattheures (TWh). Cette diminution de la demande est principalement attribuable à la réduction du coefficient de bouclage utilisé pour calculer les droits ARENH, passant de 0,964 à 0,844, ce qui représente une diminution de plus de 12%. Les droits ARENH octroyés aux consommateurs sont toutefois similaires à ceux octroyés pour l’année 2023.
Avec un plafond ARENH fixé à 100 TWh, la portion excédentaire soumise à régulation par la CRE s’élève à 30,41 TWh, équivalant à un taux d’écrêtement de 23,32%.
En pratique, chaque fournisseur alternatif voit sa demande d’ARENH satisfaite à hauteur de 76,68%. Pour compenser les 23,32% non attribués, les fournisseurs devront se procurer de l’électricité sur le marché de gros, où les prix fluctuent autour de 100€/MWh en cette fin d’année.
GAZ
L’Europe fait face à une première vague de froid hivernal, entraînant une augmentation de la consommation de gaz. Malgré cela, les prix du gaz enregistrent une baisse, soutenue par des fondamentaux solides. Les stocks de gaz en Europe demeurent exceptionnellement élevés, atteignant 97,4 % de leur capacité, un record pour cette période de l’année, selon les dernières données de Gas Infrastructure Europe. Cette abondance de stocks est renforcée par un approvisionnement robuste, avec une offre de gaz norvégien stable et une disponibilité généreuse de gaz naturel liquéfié (GNL).
En conséquence, l’anticipation d’un flux continu important via les oléoducs depuis la Norvège et l’arrivée soutenue de marchandises pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix du gaz, malgré la hausse de la demande liée aux conditions météorologiques hivernales.
ENVIRONNEMENT
La journée du 2 décembre à la COP28 a été marquée par des engagements en faveur du nucléaire, des contributions financières significatives, des engagements pour les énergies renouvelables, et des promesses de décarbonation dans l’industrie pétrolière et gazière.
Une vingtaine de pays, dont les États-Unis, la France, et les Émirats arabes unis, ont signé une déclaration appelant à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici à 2050, visant à réduire la dépendance au charbon et au gaz. John Kerry, émissaire américain pour le climat, a souligné l’importance de l’énergie nucléaire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, la Chine et la Russie, d’importants acteurs nucléaires, ne font pas partie des signataires.
Les États-Unis se sont engagés à verser 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat, un signal attendu pour apaiser les tensions Nord-Sud sur la finance internationale. Bien que conditionnée à l’approbation du Congrès, cette contribution ferait des États-Unis le plus grand contributeur en valeur absolue, bien que d’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, et la France contribuent davantage proportionnellement à leur population.
Au moins 118 pays, représentant plus de la moitié des États à la COP28, se sont engagés à tripler les capacités d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Cet engagement, non contraignant, vise à intégrer cet objectif dans tout accord final à la COP28. Cependant, les plus grands producteurs ou consommateurs d’énergies fossiles, tels que la Russie, l’Arabie Saoudite, et la Chine, ne font pas partie des signataires.
Cinquante compagnies pétrolières et gazières, représentant 40% de la production mondiale, se sont engagées à décarboner leurs opérations de production d’ici à 2050. La « Charte de décarbonation du pétrole et du gaz » concerne uniquement les émissions de gaz à effet de serre liées aux opérations d’extraction et de production, laissant de côté les émissions générées par l’utilisation des produits pétroliers et gaziers.
Les marchés de l’énergie
Electricité :
Les prix des contrats à terme de l’électricité en France ont enregistré une baisse hebdomadaire, en raison de la stabilité de l’approvisionnement en gaz et de la détente du conflit au Moyen-Orient, ce qui a entraîné une pression à la baisse sur le marché de l’énergie. En conséquence, les prix futurs de l’électricité Baseload et Peakload, pour une livraison en 2024, ont baissé de 9,50 % et 9,08% respectivement.
Baseload 2024
Prix de clôture du 06/12/2023 :
99,06 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 :
-5,97 %
Baseload 2025
Prix de clôture du 06/12/2023 :
93,70 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 :
-8,44 %
Baseload 2026
Prix de clôture du 06/12/2023 :
82,03 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 :
-5,95 %
Baseload 2027
Prix de clôture du 06/12/2023 :
80,74 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 :
-1,92%
Peakload 2024
Prix de clôture du 06/12/2023 :
121,17 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 : -8,24 %
Peakload 2025
Prix de clôture du 06/12/2023 :
123,77 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 : -9,06%
Peakload 2026
Prix de clôture du 06/12/2023 :
114,35 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 : -3,64 %
Peakload 2027
Prix de clôture du 06/12/2023 :
92,55 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 : -5,14 %
Gaz naturel :
Les marchés européens du gaz ont été faibles tout au long de la première moitié de la semaine dernière, mais se sont redressés durant la seconde moitié. Malgré l’augmentation de la demande due à la vague de froid persistante, la situation de l’approvisionnement reste actuellement confortable et la situation de l’offre et de la demande est donc relativement détendue. Nous tablons toujours sur une stagnation pour la semaine en cours.
Gaz 2024
Prix de clôture du 06/12/2023 :
40,03 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 :
-4,19 %
Gaz 2025
Prix de clôture du 06/12/2023 :
39,69 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 :
-2,33 %
Gaz 2026
Prix de clôture du 06/12/2023 :
34,80 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 : -0,63 %
Gaz 2027
Prix de clôture du 06/12/2023 :
30,00 €/MWh
Variation depuis le 29/11/2023 : +0,64 %
Pétrole :
L’OPEP+ cherche à réduire les inquiétudes sur le marché pétrolier, ce qui a entraîné une baisse du prix du Brent à 81 $/b. En effet, la semaine précédente, les cours du brut avaient atteint près de 85 $/b avant la réunion de l’OPEP+ visant à établir de nouveaux quotas de production et à stabiliser le marché. Cependant, suite à l’annonce mitigée de l’OPEP+, qui a suscité des doutes sur la mise en œuvre réelle des réductions annoncées, les prix ont chuté de près de 5 % jeudi dernier, retombant sous les 80 $/b en fin de semaine. La vente algorithmique et la faiblesse des volumes échangés sur les marchés futurs ont également contribué à la baisse des cours en fin de semaine, les modèles intrajournaliers déclenchant des ventes lorsque le WTI et le Brent ont franchi certains niveaux techniques clés. En moyenne hebdomadaire, le Brent a enregistré une perte de 0,5 $/b (-0,6 %) à 81,3 $/b, tandis que le WTI a perdu 1,2 $/b (-1,5 %) à 75,8 $/b.
Brent
Prix de clôture du 06/12/2023 : 74,30 $/bbl
Variation depuis le 29/11/2023 : -10,59 %
Droits d’émission CO2 :
La tendance à la baisse du prix du carbone persiste, malgré la baisse des températures et l’augmentation de la consommation d’énergie, enregistrant une perte de plus de 4 euros au cours de la semaine. En effet, le 27 novembre, le contrat Dec-23 a subi une importante baisse, atteignant son niveau le plus bas depuis juin 2023, influencé par des indicateurs techniques à la baisse des prix du gaz.
Prix de clôture du 07/12/2023 : 68,82 €/t
Variation depuis le 29/11/2023 : -3,10 %
Charbon :
Lors de la COP28 à Dubaï, Emmanuel Macron a appelé les pays du G7, à prendre l’engagement de mettre fin à l’utilisation du charbon avant 2030, afin de montrer l’exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il a qualifié la poursuite des investissements dans le charbon de « vraie absurdité » par rapport à cet objectif et a souligné que les pays émergents devraient également abandonner le charbon. Le président français a insisté sur la responsabilité du G7 et a rappelé l’engagement de la France à fermer sa dernière centrale à charbon d’ici 2027. Il a également souligné la nécessité pour la France de se libérer du pétrole d’ici 2040-45 et du gaz d’ici 2050 pour atteindre des objectifs climatiques plus ambitieux.
Charbon
Prix de clôture du 07/12/2023 : 110,89 $/t
Variation depuis le 29/11/2023 : +2,58 %
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