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Mercredi 23 mars, Vladimir Poutine tente un nouveau tour de force : il annonce que tous les pays, selon lui « hostiles », devront désormais s’acquitter de leurs factures de gaz en roubles, en réponse au gel des actifs Russes en Occident. L’objectif de cette demande est clair, il souhaite trouver un « mécanisme de contournement » des sanctions, comme l’a estimé Emmanuel Macron à l’issue du sommet européen du 25 mars à Bruxelles. 

Du côté de l’Europe, la réponse ne s’est pas fait attendre : l’Autriche fait immédiatement savoir son rejet de la demande dans la journée de mercredi, et le ministre de l’Économie Allemand Robert Habeck déclare dans une conférence de presse à Berlin que cette exigence « constitue une rupture de contrat ».

Un avis partagé par les autres membres de l’Union européenne, dont la Pologne, qui acte son refus le jeudi 24 mars, avec une déclaration du groupe PGNiG qui indique qu’il continuera à régler ses factures de gaz « conformément au contrat en cours » et refuserait donc les paiements en roubles.

Ce lundi 28 mars, la Russie annonce qu’elle « prendra des décisions en temps voulu » si les pays concernés refusent de régler leurs factures de gaz conformément à leur exigence. En début d’après-midi, Robert Habeck annonce à l’issue du sommet européen virtuel que « Tous les ministres du G7 sont tombés d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’une violation unilatérale et claire des contrats existants […] ce qui signifie qu’un paiement en roubles n’est pas acceptable » et acte donc le refus de l’ensemble des pays du G7 de se plier aux exigences de Vladimir Poutine. « Je pense qu’il faut interpréter cette demande comme le fait que Poutine est dos au mur » a ajouté le ministre de l’Économie allemand.

La balle est désormais dans le camp de Moscou : irons-nous vers une rupture à court-terme des livraisons de gaz en Europe, ou Vladimir Poutine va-t-il se raviser et revenir sur sa demande ?

L’Europe avance…

Toujours est-il que le conflit en Ukraine semble s’enliser, les multiples négociations ne donnant pas de grandes avancées.
Les pays européens multiplient ces dernières semaines les actions pour se dégager au plus vite de leur dépendance aux énergies russe, à l’image de l’Allemagne qui en plus d’avoir signé un contrat à long terme avec le Qatar la semaine dernière, a annoncé ce vendredi 25 mars son plan pour la fin de sa dépendance énergétique russe à l’horizon 2024 concernant le gaz, et dès la fin de l’année pour le pétrole et le charbon.
Un partenariat a également été signé le 24 mars entre l’Europe et les Etats-Unis pour une livraison de 15 milliards de mètres cube supplémentaires de gaz naturel liquéfié, soit 10 % du gaz russe importé, avec pour objectif d’atteindre les 30 % en 2030. En France, un projet d’installation d’un terminal de GNL flottant dans le port du Havre est actuellement à l’étude.

… mais pas sans mal

La situation n’est néanmoins pas en faveur de l’Europe, pour qui l’impact d’une rupture des livraisons de gaz à court-terme entraînerait tout de même des conséquences terribles.
Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l’énergie, a appelé ce lundi 28 mars l’ensemble des Français (professionnels et particuliers) à faire dès à présent des économies d’énergie en prévision de l’hiver prochain, qui s’annonce déjà tendu.


La baisse inédite de la production d’électricité nucléaire d’EDF, qui atteint cette année son niveau le plus bas depuis 1991, et les différentes difficultés d’approvisionnement en gaz pour remplir les stocks avant l’hiver prochain causeront d’après lui d’inévitables difficultés à l’hiver 2023 si rien n’est fait. Il appelle donc à une levée des obstacles administratifs et une accélération des projets en cours, notamment celui du terminal de GNL du Havre, et invite à l’effort « les industriels, le tertiaire, les bâtiments publics, mais aussi chacun d’entre nous, que ce soit en baissant le chauffage, la climatisation, ou les lumières ». Ce mardi 29 mars, reflet de l’inquiétude grandissante des marchés, les prix du gaz avaient bondit de 10,2% à la mi-journée.

Sources

https://www.latribune.fr/economie/international/paiement-du-gaz-russe-en-roubles-poutine-accentue-la-pression-sur-les-europeens-906982.html

https://www.latribune.fr/economie/international/refus-du-g7-de-payer-le-gaz-russe-en-roubles-la-russie-ne-va-pas-fournir-de-gaz-gratuitement-c-est-tres-clair-moscou-907151.html

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/demander-le-paiement-du-gaz-russe-en-roubles-n-est-pas-acceptable-affirme-le-g7-20220328

https://www.lesechos.fr/monde/europe/en-direct-guerre-en-ukraine-le-point-sur-la-situation-de-ce-mercredi-23-mars-1395507

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/union-europeenne/l-union-europeenne-trouve-un-accord-avec-les-etats-unis-pour-reduire-sa-dependance-au-gaz-russe_5046202.html

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/la-france-envisage-de-se-doter-d-un-nouveau-terminal-de-gaz-liquefie-907052.html

https://www.lepoint.fr/economie/energie-le-regulateur-appelle-les-francais-a-reduire-leur-consommation-28-03-2022-2469886_28.php